Blogersi vous présente les blogueurs polonais d’aujourd’hui

Depuis le 18 avril dernier circule sur la toile « Blogersi », un film documentaire de 17 minutes, mettant en scène une dizaine des plus influents blogueurs du pays pour parler de la blogosphère de la Pologne. Autre objectif: mesurer l’influence des blogueurs sur cette société polonaise.

Sorti il y a un peu plus d’un an, Blogersi, film documentaire traitant de l’univers des blogueurs en Pologne, est déjà disponible sur la toile, gratuitement, depuis le 18 avril dernier. Réalisé par Jarek Rybus, Blogersi (= les blogueurs), d’une durée de 17 minutes, a eu, pour objectif, de « dresser un état des lieux de la blogosphère en Pologne et de mesurer son influence réelle sur la société civile », selon les mots de Laurent Jerinte, consultant, formateur et journaliste pigiste qui tient un blog sur les nouveau médias en Pologne.

Pour réaliser ce projet, Jarek Rybus a choisi de mettre en scène différents blogueurs qui parlent de leur expérience: Pan Kominek, Maciej Budzich, Zbigniew BrzezinskiArzu GeybullayevaArtur KurasińskiPrzemysław Pająk ou encore Gniewomir Świechowski. Le documentaire donne aussi la parole à des journalistes comme Kamil Durczok, Igor Janke ou le sociologue Alex Tarkowski, membre de l’équipe des conseillers stratégiques auprès du Premier Ministre.

Le problématique principale de Blogersi est de s’interroger sur le véritable pouvoir des blogueurs polonais, le blog devenant un véritable outil de dénonciation en Pologne et son propriétaire un utilisateur du pouvoir illimité d’Internet. Pour Kominek, l’un des protagonistes du film, le blog est un « moyen d’expression » dont le but est d’avant tout « provoquer le scandale ».

Et le pouvoir des blogueurs polonais n’est pas moindre. Le film partage, avec son spectateur, une anecdote : lors de la dernière visite du président Barack Obama en Pologne, l’homme n’a donné d’interview qu’aux blogueurs, ceux-ci étant devenus très « puissants ». Le pouvoir d’une communauté de blogueurs qui atteint les trois millions dans la pays, vient essentiellement des spectateurs, les jeunes polonais, gagnés par la suprématie du web. Cette force peut même être vue comme dangereuse, les blogs étant des médias « émotionnels donc dangereux »  et n’ayant pas encore de législation pour les encadrer.

Enfin, Blogersi permet à chacun de s’interroger sur le statut qu’à le blogueur, aujourd’hui. Pour le journaliste, chroniqueur politique et écrivain polonais Jacek Zakowski, il y a une différence entre le statut du blogueur et celui du journaliste. Lui, sa profession de journaliste l’oblige à « communiquer des informations vérifiées » contrairement au blogueur qui « exprime ce qu’il veut et n’a aucune responsabilité ». 

Le film documentaire n’est pas encore disponible en version sous-titrée. Le voici, néanmoins, pour les personnes familières à la langue polonaise.

« Une fois qu’une vidéo est sur la toile, on n’a plus aucune emprise sur elle »

Pour une petite télévision locale, il n’est pas toujours simple de suivre le rythme de l’évolution technologique et, notamment, de se développer sur le web aussi rapidement que les grandes chaînes généralistes. Aniko Ozorai est journaliste et présentatrice, depuis plus de 20 ans, à NoTélé, la chaîne régionale de Wallonie Picarde, en Belgique. Pour Horizons Médiatiques, elle revient sur les évolutions technologiques de la chaîne, ses projets d’avenir en matière de nouvelles pratiques journalistiques et ses couacs rencontrés suite à une perte de contrôle de l’information.

Aniko Ozorai et son équipe NoTélé se sont rendus au Bénin, pour le tournage du reportage « Leçon de vie » consacré à l’école mixte pour sourds et entendants à Louho. (D.R.)

C.H. : Aniko, combien êtes-vous dans la rédacion de NoTélé ?

A.O. : On est un groupe de treize journalistes pour « l’info » pure, quatre journalistes culturels et deux journalistes pour le sport. Il y a aussi une série d’indépendants notamment pour le week-end et le sport.

C.H. : Comment une rédaction de télévision locale appréhende ces nouvelles pratiques journalistiques ?

A.O. : Tous les journalistes de NoTélé ont été équipés d’un iPhone pour pouvoir envoyer les reportages à la rédaction tout en étant encore sur les lieux du reportage. Via cet outil, on peut envoyer des informations écrites ou du reportage vidéo pour alimenter le fil d’informations créé sur notre site internet, il y a peu. On a une trace de l’évènement comme cela.  Et puis, par exemple, si on est en déplacement et qu’on a une heure de trajet pour revenir, on peut l’envoyer directement, on fait face à l’urgence.

Une application Iphone a aussi été créée pour que chacun puisse accéder au fil infos via son téléphone, quand il le souhaite et partout dans le monde. On a reçu des mails de personnes qui regardaient ou lisaient nos informations, de l’étranger (des expatriés ou des personnes qui sont intéressées par la région). Grâce à l’application, c’est plus facile pour eux de suivre nos actualités. Avant, pour qu’ils aient accès à nos reportages, on devait leur envoyer des DVDs ; maintenant, il suffit d’un clic !

En ce qui concerne le site Internet, on se cherche encore, on tâtonne un peu. Il arrive parfois qu’il y ait une interruption dans la mise en ligne des informations car nous n’avons pas de personne entièrement dévouée au site. On le gère tous un peu: on ne peut pas dire à un journaliste de rester toute la journée sur le site à attendre que les infos arrivent. On part tous en reportage donc il n’y a parfois plus personne à la rédaction.

Nous avons aussi une page Facebook mais elle n’est pas entretenue assez régulièrement. Ce qu’on souhaiterait faire à l’avenir, c’est faire plusieurs pages Facebook thématiques, par exemple une plus axée sur l’info sportive, une sur l’info brute…

C.H. : Mettez-vous les différents reportages en ligne ? Y’a-t-il un système de télévision en direct ?

A.O. : Effectivement, on peut, via le site, regarder la télévision en direct, grâce à « notélélive ». Sinon, pour ce qui est de la diffusion des vidéos sur Internet, dans le fil infos, on mets des extraits de sujets et un renvoi vers le JT du jour, on ne le met pas en ligne directement.

Par contre, les journaux télévisés du jour sont disponibles sur le site le lendemain, pour être revus. Après, ils restent sur la toile et chacun peut les revoir quand il le souhaite. C’est un peu un système d’archives. Aujourd’hui, on se pose la question de savoir, si oui ou non, on met les reportages en ligne. On a des réunions de travail en cours et ce sont des questions que l’on se pose…

C.H. : Avez-vous déjà eu des cas de « vol de vidéos » suite à la diffusion de l’un de vos reportages ?

A.O. : Oui, ça nous est arrivé une fois ! C’était à l’occasion d’un match de foot de l’équipe de Templeuve, que l’on avait couvert. A un moment donné, l’arbitre donne un carton jaune a un joueur blessé, sur une civière, puis un carton rouge, croyant que celui-ci simulait la douleur… Ca a fait le buzz ! La vidéo a été reprise sur d’autres sites et s’est finalement retrouvée sur Youtube, sans aucune référence à NoTélé. Elle a été vue plus d’un million de fois ! La vidéo a fait le tour du monde. La preuve ? Une télévision norvégienne qui nous a appelé pour savoir si elle avait le droit de diffuser la vidéo. Ce sont les seuls qui nous ont demandé l’autorisation… On est passé à côté du buzz, on s’est fait avoir, ça ne nous a rien apporté. Une fois que c’est sur la toile, il n’y a plus d’emprise… Le truc nous a échappé !

L’autre problème aussi c’est que Notélé ne peut bien sûr pas vraiment prouver qu’elle est l’auteur de la vidéo-buzz excepté par le fait qu’elle était le seul média audio-visuel présent à ce match… Mais on a quand même réussi à faire enlever la vidéo de Youtube.

Plus d’explications ici avec ces images qui ont tant fait le buzz; et en bonus, Aniko Ozorai dans son rôle de présentatrice télé.

C.H. :  Est-ce-que l’avancé des nouvelles pratiques, notamment journalistiques, augmente la concurrence ?

A.O. : Ce que l’on a constaté, c’est que la presse écrite se met à la vidéo. Elle filme et propose ses propres vidéos sur les différents sites de ses journaux. Par conséquent, on doit proposer plus d’images. On essaie de donner aux spectateurs la plus grosse offre possible en matière d’information. Par exemple, pour les élections communales, on a prévu de faire  un espèce de journal de campagne. On est complémentaire avec les titres de presse écrite mais je ne veux pas qu’on devienne des concurrents…

Au niveau de la correspondance avec les téléspectateurs, les gens envoient des mails pour remercier des sujets que l’on fait mais c’est tout. Ils n’ont pas encore le réflexe Internet, ils ne nous font pas de critiques. Mais ils peuvent aussi devenir une sorte de concurrents… car ils ont eux aussi accès aux Iphones et peuvent se mettre à faire des vidéos. Et les caméras sont de plus en plus petites et légères. Ça devient à la portée de tout le monde.

C.H. : Est-ce que ces nouvelles pratiques changent le statut du journaliste ? 

A.O. : Normalement, on travaille en binôme pour réaliser un reportage : le journaliste et le cameraman-monteur. Aujourd’hui, nous, journalistes, sommes obligés d’apprendre à cadrer ou à connaître la théorie de la prise de vue car on peut tous être amenés à filmer, notamment avec l’Iphone. Par exemple, en plus d’être journaliste et présentatrice, il m’arrive parfois de m’occuper de la partie montage. Il faut donc avoir aussi des notions dans ce domaine.

De plus, maintenant que nous devons chacun alimenter le site Internet, notre façon d’écrire doit changer. L’écriture télévisée est plus orale, ce n’est pas la même que l’écriture web qui se rapproche peut-être des techniques de rédaction de la presse écrite… On est d’ailleurs en demande de formation à ce niveau là… Le journaliste doit être polyvalent à l’heure actuelle.

Merci à Aniko Ozorai pour avoir répondu à nos questions.

Le Musée de l’Humour de Tolentino met le BD-journalisme à l’honneur

Le BD-journalisme n’est pas mort, bien au contraire. C’est ce qu’entend prouver le Musée International de l’Humour dans l’Art de Tolentino, en Italie, depuis le 14 avril dernier jusqu’au 16 septembre prochain, en mettant à l’honneur huit BD-reporters à travers l’exposition « Nuvole di confine – Graphic Journalism. L’arte del reportage a fumetti » (Nuages de frontières – BD-journalisme. L’art du reportage en bandes dessinées).

Le BD-reporter ou dessinateur-reporter utilise le dessin comme arme d’information et de partage. Comme n’importe quel reporter, il  se rend sur place, prend des notes et retranscrit ses impressions. Une mouvance entre art et journalisme. L’exposition « Nuvole di Confine – Graphic Journalism. L’arte del reportage a fumetti » se déroule à l’occasion de la revue « Tolentino Humour » et met à l’honneur huit BD-reporters: Guy Delisle, Sarah Glidden, Aleksandar Zograf, Marco Corona, Lamia Ziadè, Vincenzo Filosa, Josh Neufeld et Paola Cannatella e Giuseppe Galeani.

Le communiqué imprimé du musée informe que « les auteurs cherchent à interrompre le tragique du moment en exploitant l’humour, parfois noir« . « Contrairement  au roman graphique avec lequel il partage le moyen d’expression de la bande dessinée, l’objet de la narration n’est pas la fiction mais la chronique d’évènements liés à l’actualité, à des situations socio-politiques particulières, à des pays où la liberté d’expression est contestée ». L’art devient alors un « instrument de communication et d’information« .

Mais, autant artiste que journaliste, le dessinateur-reporter, avant de pouvoir dénoncer, doit tenir compte des nouveaux usages liés à l’évolution du journalisme. Les BD-reporters se mettent à la page, utilisent le web et rivalisent d’idées pour obtenir leur place dans un milieu bouché et concurrentiel.

Tenir un blog

Comme tout artiste au sortir des écoles d’art, le dessinateur-reporter se doit de mettre en ligne son travail via un site internet ou un blog afin de se faire connaître et de se démarquer de ses contemporains. Guy Delisle, auteur québécois des « Chroniques de Jérusalem », qui possède à la fois blog et site internet, étonne avec ses croquis en 3D (les croquis sont sur le blog):

La 3D est créée par la juxtaposition de deux images, ou plus.

Palestine.

D’autres misent sur une présentation interactive, comme Aleksandar Zograf, dessinateur serbe qui raconte notamment la vie courante en Serbie pendant la guerre en ex-Yougoslavie, qui s’est auto-représenté, avec plusieurs expressions, dans son menu. Même chose pour Lamia Ziadé, artiste et illustratrice libanaise, qui a mis en place une galerie défilante pour présenter ses dessins.

Aleksandar Zograf se dessine avec plusieurs expressions.

Lamia Ziadé propose aux visiteurs un menu déroulant. Ceux-ci peuvent donc faire défiler les différentes illustrations ou les photographies d’exposition.

Rendre ses dessins vivants

Le BD-reporter, qui, auparavant, griffonait des illustrations sur son carnet au coeur de l’action, est aujourd’hui à la fois graphiste et réalisateur. Plus que le dessin, certains reporters animent leurs personnages et leurs donnent vie dans des films documentaires, sous le modèle de Valse avec Bachir, qui peut-être qualifié de premier documentaire animé. Paul Wells, journaliste canadien, donne une définition au documentaire animé: « Le documentaire animé est un film d’animation à tendance documentaire. Plus le film d’animation opte pour une représentation réaliste des choses, en ayant recours aux usages habituels des films documentaires (utilisation d’une forme de narration propre au documentaire, présentation d’informations réelles et précises, interview avec des experts, etc.), plus il s’approche du film documentaire ». (ici)

Patrick Chappatte, dessinateur de presse suisse, a illustré son voyage au Sud-Liban en février 2009 et en a tiré un documentaire animé de 11 minutes, « Liban: la mort est dans le champ », où il raconte comment les habitants de cette région vivent sous la menace des armes à sous-munitions.

Même initiative pour Guy Delisle qui s’est essayé à ce nouvel usage de l’information dessinée. Il reste néanmois, pour l’instant, dans un format court (de quelques secondes à quelques minutes) et traite de sujets plus légers. Un exemple ici avec « trois petits chats… », un court-métrage pour enfants.

Les dessinateurs d’audience ou reporters-aquarellistes

Depuis la loi du 6 décembre 1954, les caméras et appareils photos sont interdits dans les salles d’audience, afin d’empêcher les journalistes de perturber les débats ou le travail de la justice. Le dessinateur d’audience prend la place du photographe ou cameraman potentiel est, en cela, peut-être considéré, lui aussi, comme un journaliste. Le dessinateur d’audience, ou reporter-aquarelliste, capte l’information et la transmet subjectivement par le dessin.

Procès de Lockerbie dépeint par le dessinateur d’audience David Wasserman.

L’aquarelle est d’ailleurs de plus en plus utilisée, ici pour le procès Lockerbie, aux Pays-Bas, ou, plus récemment, au procès Clearstream, dépeint par Noëlle Herrenschmidt.

Dans le prétoire.

Le BD-journalisme a le vent en poupe et n’a pas encore fini de nous étonner; Nuvole di Confine est là pour en témoigner.

Petit aperçu de l’exposition et interview de Guy Delisle pour les italianophones:

Suisse: L’information nationale boudée au profit du local

483. C’est le nombre de journaux que dénombre la Suisse, selon le catalogue de presse Suisse 2008. Face à ce vaste choix étonnant pour l’un des plus petits pays d’Europe, l’information nationale y reste néanmoins très peu représentée, le paysage médiatique Suisse étant régi par les quotidiens régionaux.

La Suisse s’illustre par une grande diversité de médias: 126 quotidiens, 341 hebdomadaires régionaux, 16 titres de presse dominicales… soit un total de 2950 titres de presse écrite, selon une étude menée par l’agence Publicitas. La presse écrite étant le média en tête avec une utilisation à 97.6%; les Suisses consacrant, en moyenne, 38 minutes par jour à lire leurs journaux.

La presse est le média préféré des Suisses.

On remarque notamment que les titres  régionaux surpassent la simple presse quotidienne avec ses 341 hebdomadaires régionaux et ses 16 chaînes de télévision locale.

La Suisse reste le pays européen où la vente de quotidiens est la plus élevée.

Une diversité et une régionalité qui s’expliquent, pour Richard Etienne, journaliste genevois à la Tribune de Genève et à 24 Heures; et blogueur sur le thème des nouvelles pratiques journalistiques principalement suisses, par « la diversité linguistique du pays ». « La Suisse fait partie des pays où il y a la plus importante concentration médiatique au monde et les nouveaux titres apparaissent souvent. Cela dit, l’offre nationale est moins importante, ce qui n’est guère étonnant: on parle quatre langues en Suisse (allemand, français, italien et romanche). Tout traduire coûte cher. Certains titres paraissent en plusieurs langues, ils sont très rares et spécialisés et ce ne sont pas les plus lus. Swissinfo.ch, est traduit en neuf langues (ce n’est peut-être pas encore le cas aujourd’hui, mais le Russe devrait apparaître sous peu). Il n’est pas tant destinés aux Suisses mais plutôt aux étrangers qui souhaitent en savoir davantage sur notre pays… On pourrait peut-être imaginer un média national en anglais, c’est peut-être finalement la langue qui est le plus parlée en Suisse », nous informe le journaliste, qui a bien voulu répondre à nos questions.

Cette multiplicité est aussi attribuable à un  profond sentiment d’ancrage de la presse locale dans le public. « Les Suisses sont habitués aux reportages sur leur environnement direct, une tradition quasi immuable qui illustre bien la notion de quasi directe. Rien d’étonnant donc que même les « grands » quotidiens suisses portent une attention particulière à leurs pages locales. Outre leur présence dans la presse écrite et sur le marché en ligne, les maisons d’édition s’engagent depuis des années déjà dans des stations de radio locales et des chaînes de télévision régionales« , peut-on lire dans l’étude Publicitas.

« L’impact de cette minorité de médias nationaux se fait ressentir sur la population plutôt. Car certains sujets peuvent être délaissés par les Suisses-Allemands et vice-versa. Peut-être que ça fait ressortir l’identité de chaque région. L’Hebdo (hebdo.ch) aime bien dire qu’il a fortement contribué à une identité romande », ajoute Richard Etienne.
Pearltrees de Richard Etienne qui recense les médias Suisses: ici

Quand le lecteur devient acteur ou l’importance du commentaire en ligne

Avec le développement du web 2.0., la place du lecteur ne cesse d’évoluer. Grâce aux réseaux sociaux et aux blogs, il prend désormais part à l’information en la commentant en direct. The Guardian a lancé en 2006 « Comment is free », un blog qui accueille les commentaires de plus de 400 internautes, chaque mois; des internautes qui ne font pas partie de l’équipe du Guardian.

Le web rapproche les gens, à ce qu’on dit. Si ce n’est pas les gens, il rapproche néanmoins internautes et journalistes. « Comment is free », plate-forme web du Guardian, sélectionne les commentaires les plus pertinents de ses internautes et les met en avant.« Sur « Comment is free », nous hébergeons des centaines de discussions chaque semaine sur une vaste gamme de sujets, venant d’à travers le monde. Nous publions des pluralités de voix, mais notre centre de gravité (…) est clair », peut-on lire dans la section « About Us ».

"Comment is free" permet à tous de s'exprimer.

Réactions suite à un article de George Monbiot, "Deny the British empire's crimes? No, we ignore them".

Sur « Comment is free », chacun est libre de commenter les articles disponibles en ligne et d’y apporter des compléments d’informations. Une fois publiés, les commentaires peuvent être « recommandés » (recommend) afin d’insister sur leur pertinence ou la popularité dont ils sont l’objet. Autre possibilité, les « responses » qui permettent à l’internaute de répondre au commentaire souhaité, pour lancer le débat. Le but de « Comment is free » étant d’être un « endroit, sur internet, où l’on pourra toujours trouver des conversations vives, amusantes mais, surtout, intelligentes ».

Cependant, comme dans tout lieu d’expression, « Comment is free » a un réglement que chacun doit appliquer, car la modération y est fort présente. « Il y a 10 directives simples auxquelles nous attendons que tous les participants du « domaine communautaire » du site web du Guardian se soumettent; toutes informent directement sur notre approche de la modération communautaire. » Des directives qui, en résumé, demandent à l’internaute d’être « mature et d’agir avec considération, de ne pas être désagréable et d’être responsable de la qualité de ses propos ». « Nous supprimerons, si nécessaire, les publications et commentaires de nos articles et des publications de nos blogs », peut-on lire dans les FAQS de « Comment is free ». Les journalistes et community managers du Guardian prennent également un statut de modérateurs en contrôlant et en guidant le débat.

La page d'accueil de CiF met fréquemment à l'honneur les commentaires et informations donnés par les lecteurs.

Des commentaires à valeur de témoignage

Au delà de la simple réaction du lecteur, le développement du journal sur le web assure une réponse rapide et directe des internautes. Une fois l’article mis en ligne, les réactions des lecteurs ne se font pas attendre. Certains journaux en ont fait une force, comme le quotidien régional Nord Eclair. En effet, au Nord Eclair, à Tournai et Mouscron, en Belgique, les journalistes n’hésitent pas à utiliser Facebook pour lancer des appels à témoins ou poser des questions directes:

Le lecteur est régulièrement sollicité.

Pour Ceridwen Roche, journaliste indépendante à Tournai, « lancer un appel sur Facebook se prête bien à certains sujets ». « On peut solliciter l’expérience des gens », explique, à Horizons Médiatiques, la journaliste. « Je dirais qu’il y a deux avantages à cette manière de solliciter le lecteur. D’un, tout le monde peut répondre à nos appels de n’importe quel endroit de la région. De deux, on peut, si le témoignage d’une personne nous intéresse, la recontacter sans problèmes en lui envoyant un message privé sur son compte Facebook. La question typique, c’est: « Comment trouvez-vous la qualité de l’eau du robinet chez vous ? » Par cette question, on pourra savoir quels sont les lieux dans la région où l’eau est de moins bonne qualité… Et, bien entendu, par ce moyen, c’est plus facile de trouver des témoignages. Mais les questions doivent être simples et communes; car, si c’est plus compliqué, comme par exemple les femmes qui font des fausses couches, les gens n’oseront pas répondre ».

Source: Journalismes.info

« Talk About Local », une plate-forme en ligne pour booster l’hyperlocal

L’hyperlocal, qui propose une nouvelle forme d’information locale de proximité, est à la mode. « Talk About Local » surfe sur cette vague actuelle en permettant à chacun de se lancer dans l’hyperlocal. Ses objectifs ? « Aider les internautes en communauté à trouver leur voix en ligne« .

Suite au développement en masse de l’hyperlocal au Royaume-Uni depuis deux-trois ans, comme on peut le constater sur cette carte qui recense les sites d’informations locales en Irlande et Angleterre, la toile foisonne d’internautes qui souhaitent tisser des liens dans leur « voisinage ». Des sites dits « grassroots » (sites indépendants) comme SE1, en passant par les « top-down » (chaînes de sites d’informations) tels que Local People.

Mais lancer son blog ou site local n’est pas toujours facile. Pour certains, une aide est parfois nécessaire pour créer, entretenir et faire connaître son média. Talk about Local, plate-forme web, propose aux internautes de les guider, de les former… Soit, de « trouver leur voix en ligne » (« Talk About Local helps people in communities find their voice online »), selon les mots de Sarah Hartley, directrice générale de Talk About Local qui travaille aussi sur le projet nOtice du Guardian, dans une interview accordée à Streetfight.

La page d'accueil explique clairement les objectifs de Talk About Local.

Basé à Birmingham, Talk About Local a été lancé dans une initiative d’aide à la personne. « Dans beaucoup de cas, nous travaillons avec des personnes qui souhaitent développer des sites d’infos hyperlocales. On les aide à démarrer, ils reçoivent une formation ; on aide les gens à se connecter ensemble afin qu’ils puissent trouver et partager les solutions et qu’ils soient impliqués dans la recherche dans ce domaine. C’est l’assistance et la facilitation de sites hyperlocaux », explique Sarah Hartley.

Du support de proximité

Via « email, skype ou téléphone« , l’équipe de Talk About Local partage avec l’internaute. « Nous délivrons des formations en face à face dans votre communauté. (…) Ensuite on les aide à créer un site web durable, une page Facebook ou un compte Twitter. Notre formation est basée sur notre expérience en matière de lancement de sites locaux », adresse au lecteur l’équipe du site dans la rubrique « Working with us ». L’équipe propose donc diverses formations dans tout le Royaume-Uni allant de la simple utilisation d’un logiciel à la création d’un compte Facebook ou encore des pages web durables. Ils accompagnent les communautés qui souhaitent mieux comprendre le web local et les nouveaux médias: « Un ou plusieurs de nos formateurs écouteront ce que les locaux veulent accomplir et leur donneront des exemples de sites qui pourront les inspirer ».

Talk About Local travaille avec des départements gouvernementaux, des groupes médiatiques ou des experts d’engagement communautaire mais s’adresse aussi à chaque individu. C’est une plate-forme « qui utilise le web pour supporter les campagnes locales et les causes sociales« . William Perrin, membre du staff, s’illustre notamment dans des campagnes locales. Ci-dessous, il défend SW Radio Africa, une radio émise de Londres, qui, trois fois par semaine, envoie les news de Zimbabwe à ses 30.000 lecteurs via sms.


Mais tout travail mérite salaire. Talk About Local qui n’est donc pas une aide gratuite affirme, cependant, que « nos tarifs sont très raisonnables et on apprend aux gens à utiliser des services gratuits ou presque. Donc il n’y a pas besoin d’acheter de logiciel ».

« Le blog local est proche des lecteurs et leur apporte une information qu’ils ne trouvent plus dans le journal… »

A cette heure du web 2.0, le journal régional ne suffit plus. Et ça, SudPresse, quotidien francophone le plus lu de Belgique, l’a bien compris. En réponse au développement de l’information sur le web et à une demande de plus en plus forte des lecteurs d’avoir de l’information de proximité, SudPresse a lancé  une grande opération de création de blogs locaux. Rencontre avec deux journalistes-blogueurs de SudPresse, Caroline Verdonck et Dominique Dupont, qui portent deux regards différents sur un même travail: partager l’information sur leur ville respective. 

SudPresse, qui possède quatorze éditions régionales : La Meuse (édition de Liège, la Basse Meuse, Huy-Waremme, Luxembourg, Namur, Verviers), La Nouvelle Gazette (Centre, Charleroi, Entre Sambre et Meuse), La Province (Mons-Borinage), Nord Eclair (Tournai, Mouscron) et La Capitale (Bruxelles, Brabant Wallon); comptabilise également, depuis 2011, une cinquantaine de blogs régionaux, tenus par des lecteurs aimant leur ville ou des journalistes de SudPresse.

Chaque blogueur choisit l'interface qu'il souhaite et gère son blog comme il l'entend.

Caroline Verdonck, journaliste à Nord Eclair et bloggeuse pour SudPresse, s’occupe de la ville de Tournai (ville proche de la frontière franco-belge) tandis que Dominique Dupont, correspondant pour le Nord Eclair mais aussi employé à l’US Army, gère le blog d’Ath (commune proche de Tournai). Rencontre.

Caroline, journaliste et blogueuse, est à l'écoute du lecteur. (B.L.)

Pourquoi SudPresse a lancé cette grande opération de blogs ?

C.VK: Il y a trois ans, il y a eu un grand changement dans la ligne éditoriale du journal. Avant, on y trouvait beaucoup de petits événements, des photos de mariage… C’était fort proche des gens. Maintenant, il n’y a plus beaucoup de petits événements justement ; et ce sont des choses qui manquent assez aux gens. C’est pour partager ces informations là que les blogs ont été crées. Moi, je fais partie des premières lignées de blog qu’il y a eux. J’ai créé le blog quelques jours après avoir suivi la formation pour les blogs de SudPresse, c’est à dire au mois de mai 2011. Juste quelques blogs existaient auparavant, dont celui de Dominique Dupont.

Depuis quelques temps il y a des annonces dans le journal pour que des gens puissent se proposer s’ils le souhaitent . Pas besoin d’avoir des notions de journalisme pour être blogueur ! Il faut déjà aimer sa ville, apprécier avoir un contact avec les gens et avoir envie de s’investir dans le blog, car ça demande quand même énormément de travail.

Depuis combien de temps êtes-vous « sur le terrain » ?

C.VK: Ça va faire deux ans que je travaille pour Nord Eclair. Avant, j’étudiais.

D.D: Il faut savoir que je suis correspondant pour le Nord-Eclair depuis 1999. Je dois avouer que cela a été chose aisée pour moi car mon père qui est décédé en 1988 avait été aussi correspondant depuis 1975 et avait créé une rubrique dominicale qui s’intitulait «  Les Échos et Potins du Flâneur »; rubrique que j’ai reprise en y rajoutant le Petit Flâneur.  Elle contait  les petits malheurs des habitants Athois et cela sur un ton badin et humoristique. Je trouve dommage que SudPresse n’ai plus voulu de ces échos. Dommage. Cela fait, j’ai baigné depuis ma tendre enfance dans le monde des médias mais aussi dans l’associatif !

Comment organisez-vous votre blog ?

C.VK: Chaque blogueur de SudPresse est libre de gérer son blog comme il le souhaite. On a reçu quelques recommandations pour faire venir des gens, des choses qu’on ne doit pas forcément mettre… Et après ça, on dirige vraiment comme on veut. Donc tous les blogs sont différents. Certains mettent beaucoup de faits divers, d’autres plus d’événements locaux. Moi j’ai plusieurs rubriques : une rubrique recettes car c’est quelque chose que j’aime bien faire. Tous les vendredis, je fais un agenda du week-end avec toutes les activités qui vont se passer à Tournai et dans les villages à côté. J’ai une rubrique « ma ville en photo » où je reprends différents quartiers de la ville que je photographie sous des angles plutôt jolis… J’essaie de poster tous les deux/trois jours. J’ai énormément d’idées, mais pas le temps pour les réaliser !

Correspondant de terrain, Dominique Dupont ne réalise jamais d'interview par téléphone. (D.D)

D.D: En moyenne, il faut compter deux bonnes heures par journée de travail sans compter le week-end où là mon temps est doublé voir triplé. Par exemple, ce samedi, je me suis rendu des noces de platine à midi et l’après-midi j’ai été à la journée de champions qui été organisée par le musée des jeux de Paume. Ce dimanche, c’est la fête de la St Nicolas au musée des géants.  Pour une année, il y a seulement  15 jours qui ne sont pas consacrés au journal et maintenant au blog.

Ce que je fais c’est avant toute chose une passion plus qu’un job… J’aime les gens et l’être humain sous toutes ses facettes même ses plus diaboliques…

Comment collectez-vous toutes ces informations ?

C.VK: J’en trouve beaucoup sur le site internet de la ville et sur celui de la police. Je reçois aussi des événements de la part des internautes. Puis je travaille au journal donc je prends des brèves que je développe. Sinon je reprends certains de mes articles que je développe plus ou que je traite sous un autre angle. J’essaie vraiment de ne pas mettre les articles du journal tels quels… Pour les brèves, j’essaie toujours d’illustrer avec mes propres photos.

D.D: Les personnes m’appellent sur mon portable et de plus en plus via mon adresse mail. Et aussi via le bouche à oreilles…. Je « traine » toujours dans la cité des géants une à deux fois par semaine. D’où mon insistance sur le contact humain qui est très important voir vital pour moi. Mais je connais aussi beaucoup de monde: je suis en contact presque permanent avec les fanfares, les chorales, Miss et Mister Ath, l’Association des commerçants, les musées, les historiens, les pompiers… sans oublier que je « traine » toujours dans la cité des géants une à deux fois par semaine. J’aime de temps en temps allait boire un pot dans les estaminets de la ville. Je connais tous les échevins ainsi que le bourgmestre (maire) et les anciens. Je fais toutes les noces d’or, les centenaires…  De plus, je travaille en total harmonie avec la Maison culturelle d’Ath. Toutes les semaines, je reçois l’agenda des festivités… Sur dix conférences de presse, je participe au moins à six.

Quels liens entretiens-tu avec tes lecteurs ?

C.VK: Déjà, certains partagent des infos avec moi. Puis, j’ai les gens qui me félicitent car ils trouvent ça bien de faire quelque chose de fort local et d’aller droit au but. Mais il y’a toujours des gens qui traînent sur internet et qui donnent un avis pas très constructif… En tout cas, il y a des échanges, les gens lisent. J’ai beaucoup plus de commentaires pour les faits divers. J’ai même parfois des gens qui donnent des nouvelles.

Le blog : un bon moyen d’entremêler les histoires, un exemple ici:

Combien de visites par jour ?

C.VK: Plus le blog se fait connaître, plus les visites augmentent. J’ai posté mon article le 16 mai 2011: résultat, 10 visites en Mai. 19 en juin. Et en juillet où j’y ai passé du temps, 1701 visites. Et ce ne sont que des visiteurs uniques, les gens qui reviennent plusieurs fois ne sont pas comptabilisés. J’en suis autour des 7000 personnes différentes qui viennent par mois aujourd’hui. Ça reste plus ou moins stable. Mais des fois j’ai des pics. Ce mois ci, le 14 mars, j’en ai eu un de 1942 personnes uniques en un jour. Normalement, j’ai entre 250 et 350 par jour. La difficulté c’était de se faire connaître. J’ai beaucoup utilisé facebook pour partager mes articles.

D.D: Voici les chiffres pour les 6 derniers mois: 68162 visiteurs uniques et plus de 11. 000 par mois…pas mal pour un blog. En ce moment, je tourne à plus 700 visites/jour et je sais que SudPresse apprécie mon boulot. En novembre 2011, j’ai même été récompensé car le blog avait reçu plus de 110.000 visites depuis mars 2011.

Et au niveau du financement ?

C.VK: C’est presque bénévole. On est payé par tranche de 100 personnes par jour qui viennent en moyenne sur le mois. Là en moyenne, j’en suis à 332… je te laisse faire le calcul. On reçoit aussi des cartes de visites et SudPresse paie une partie de notre abonnement internet.

D.D: Au niveau financier ce n’est pas Byzance , je tire le maxi c’est-à-dire 95 euros…

Est-ce que toi, en tant que journaliste, tu t’informes via internet ? Es-tu tourné vers les nouvelles pratiques journalistiques ?

C.VK: Au travail on a un peu tous les journaux qui existent en Belgique donc je préfère m’informer là dessus. Mais quand je n’ai pas la possibilité, que je suis chez moi, c’est sûr que je n’ai pas le choix, que je m’informe par Internet. Mais je préfère quand même la version papier. Et sur internet, il n’y a pas tous les sujets, et ce n’est pas pareil. Déjà lire par internet, c’est quelque chose que je n’aime pas. Maintenant avec les iPhones, tout le monde trouve toutes les infos qu’il veut. Je trouve beaucoup de gens qui me disent qu’ils lisent Nord Eclair mais sur leur téléphone ou sur internet. Après c’est la préférence de chacun… Les jeunes sont plus ouverts à ça. L’avantage, c’est l’info tout de suite.

Merci à Caroline Verdonck et Dominique Dupont pour leur participation.

7sur7: Un unique pure-player francophone pour toute la Belgique

7sur7 est ce qu’on peut appeler un pure-player, soit une entreprise (dans notre cas: de presse) uniquement présente sur la toile. La particularité de 7sur7, c’est d’être l’unique pure-player francophone de Belgique. En plus de cette unicité, son atout est d’offrir au lecteur des informations du monde entier, en continue, 24h/24 et sept jours sur sept.

Comparée à la France où une multitude de pure-players naissent depuis les années 2000, la Belgique semble encore réfractaire à ce mode d’information en ligne. En effet, seuls 7sur7 et DeWereldMorgen correspondent à la définition de pure-player. Malgré ce rejet, 7sur7 a réussi à se frayer un chemin et trouver sa place parmi un paysage médiatique belge déjà bien encombré par les différents médias.

7sur7 délivre un flot d'informations en continu.

Son histoire

7sur7 est né il y a six ans. Le rédacteur en chef du site  HLN.be, soit le site internet du journal flamand Het Laatste Nieuws, le plus grand quotidien tant de Flandre que de Belgique, a eu l’idée de créer un pendant francophone: 7sur7.

HLN.be, le jumeau flamant de 7sur7.

Une équipe de trois journalistes francophones s’est donc formée dans le Brabant-Wallon, près de Bruxelles. Vincent Schmitz, chef d’édition de 7sur7, qui a accepté de répondre à nos questions, a eu la charge de mener et de faire connaître ce média. « Au début, c’était assez difficile. On est arrivé de nul part, mais à un moment où les sites des journaux n’étaient pas aussi développés. 7sur7 a pu finalement trouver sa place. Depuis deux ou trois ans, on est le troisième site d’informations derrière le Soir et la DH… On surpasse L’Avenir, La Libre Belgique ou encore Sudpresse« , explique le chef d’édition. L’atout de 7sur7 est d’être le premier média à offrir un fil d’informations continu: « Ça nous a différencié dès le début. Notre marque de fabrique est d’essayer de montrer qu’une même personne peut lire aussi bien des articles sur la musique que du people ou de l’information plus sérieuse. On ne se dit pas qu’il y a des sujets que l’on ne peut pas traiter. On est catégorisé comme populaire, on traite à la fois de sujets sérieux et de sujets plus légers. On touche à tout donc la plupart de nos lecteurs trouvent ce qu’ils recherchent… »

Bruxelles – Los Angeles – Sydney

Avec 142.000 visiteurs par jour au mois de février 2012 et  plus de 180 articles publiés quotidiennement, 7sur7 ne se met jamais en veille. « On publie des articles 24h sur 24 et sept jours sur sept… Le week-end on ne s’arrête pas, ni les jours fériés. La nuit, le bureau de Sydney prend la relève dans les publications », ajoute Vincent Schmitz. Un bureau à Sydney qui, grâce au décalage horaire, continue à alimenter le site: « Le bureau à Los Angeles, lui, s’occupe généralement de la partie cinéma, musique et séries télévisées. » 

Avec un total de 17 journalistes répartis dans trois bureaux à travers le monde, 7sur7 se voit plus réactif que ses concurrents en matière de délivrance de l’information. Une stratégie qui se veut payante. Rentable depuis deux ans, 7sur7 vit de la publicité. « 7sur7 ne deviendra pas payant. On est indépendant rédactionnellement mais on fait parti d’un grand groupe. L’équipe marketing peut faire des campagnes nationales, la publicité est suffisamment rentable pour nous. On laisse même nos archives, sur le site, accessibles gratuitement pendant six mois », nous confie Vincent Schmitz.

Un unique pure-player francophone et national

Pour le chef d’édition de 7sur7, le retard belge, sur les français,en matière de pure-player, peut-être en partie dû à un manque de moyens financiers: « Les belges qui ont crée Storify sont allés aux Etats-Unis pour trouver les fonds nécessaires pour lancer ce nouvel outil. Ce manque en matière de pure-player est avant-tout une question d’argent…mais ça peut aussi venir du fait que la Belgique est un petit pays et qu’il y a déjà beaucoup de concurrences entre les médias donc il n’y a plus de place pour les pure-players… La population n’est pas la même aussi: il n’y a pas encore le réflexe internet chez nous même si les jeunes s’y mettent désormais. » 

Le côté flamand de la Belgique semble quand même plus adepte de l’information en ligne. HLN.be comptabilise, en effet, en mars, plus de 690.000 visites par jour contre 185.000 pour Le Soir.be (chiffres du Centre d’Information sur les Médias), le deuxième quotidien belge francophone le plus lu.

Control Panel : La BBC teste un nouveau module pour personnaliser l’information

Le Control Panel (panneau de contrôle) est un module du réseau social Facebook, qui permet aux internautes de contrôler les alertes qui s’affichent sur leur « mur ». La BBC a pris l’initiative de bêta-tester cette nouvelle technologie afin que les lecteurs puissent filtrer le flux d’informations émanant de la page officielle BBC News du journal.

Le principe est simple: après avoir « aimé » la page BBC News, l’internaute doit uniquement cliquer sur le « j’aime/like » des différentes sections pour ajouter les alertes à son fil d’actualité. Le choix des catégories est identique à celui du site Internet BBC News: on retrouve les sections World (Africa, Asia, Europe, Latin America, Middle Est, US & Canada), UK (England, Northern Ireland, Scotland, Wales), Business, Health, Sci/Environment, Technology et Entertainment. Petite nouveauté, un ajout de catégories qui ne sont pas présentes sur le site internet tel que Arts, Education, Other (Magazine, Also in the News) ou Politics.

Un nombre de "j'aime" qui varient de 500 à plus de 22000 (22k)...

Un filtrage de données mais surtout…de personnes

La singularité du Control Panel, c’est de pouvoir choisir d’avoir ou non les flux de publications des journalistes de la BBC. Plutôt que de laisser les rédacteurs, rédacteurs en chef ou correspondants dans l’ombre, la chaîne a choisi de les mettre en valeur par leur nom, photo et fonction. Le lecteur s’identifie alors à un journaliste qui gère un domaine qui lui est proche (par exemple, la technologie) ou une géographie qui l’intéresse particulièrement (exemple: Damien Grammaticas s’occupe de Pékin). Un moyen d’être plus proche du journaliste donc plus proche de l’information.

Les correspondants, pas connus du grand lectorat, ont pour l’instant un score assez timide (de 37 à 397 « j’aime ») comparé aux 30 000 et 13 000 des programmes TV NewsNight et radio Breakfast, les lecteurs restants fidèles aux catégories traditionnelles du site qu’ils connaissent mieux.

Un score encore timide, pour les correspondants, au 13 mars 2012.

Même technique de personnalisation pour les programmes TV et radio de la chaîne, qui, avec des scores allant du millier à plus de 30 000, dépasse largement l’intérêt accordé aux articles web.

Radio, Tv et web: les trois plans d'attaque de la BBC.

Plus personnel, le Control Panel répond aux attentes du lecteur et dévoile une tendance générale: les lecteurs sont aujourd’hui sur le net et ne délaisse en rien la télévision et la radio. De plus, il permet à l’enseigne de connaître clairement les goûts et attentes de ses visiteurs. Une bonne technique pour attirer un lectorat plus jeune, qui en temps normal, délaisse l’information via facebook, faute d’un trop plein d’alertes et de sujets qui ne les intéresse pas forcément. Par le Control Panel, la BBC utilise à bon escient un marché illimité qu’est le marché facebook; et mène une très bonne campagne de communication quand on voit que la page BBC News possède déjà plus de 280 000 fans et que la chaîne BBC a déjà crée une soixantaine de pages fan allant de la « BBC London 2012 »  à « BBC Comedy » en passant par « BBC Nepali » (un exemple des nombreuses variantes linguistiques de la chaîne)…

Source: La social NewsRoom

Des «plus-produits» pour financer la presse allemande

Les journaux allemands, en réponse à la crise de la presse, se modernisent et trouvent de nouvelles sources de financement via le multimédia. Des nouvelles pratiques journalistiques étonnantes, les sites internet devenant de véritables plateformes de ventes de « plus-produits ».

De la Bible aux sous-vêtements, en passant par un briquet…

Vêtements, accessoires, téléphones mobiles...Bild vous propose une importante gamme de produits.

Le tabloïd Bild est l’exemple parfait de cette nouvelle industrie commerciale. Le journal a créé, sur son site internet, le « Bild Shop » où l’on peut trouver tout et n’importe quoi. Le Bild Shop présente plusieurs catégories:

– le Handy-Shop regroupe tout ce qui touche au mobile: smartphones, tablettes numériques, écouteurs, housses d’iPad, iPhones, cartes SD… mais aussi un forfait téléphonique: le BILDmobil. Le média allemand propose aussi des offres d’abonnements au journal avec le smartphone ou la tablette achetée.

– le Fan-Shop qui condense un vaste choix de t-shirts, maillots, sweats, coussins, casquettes et autres goodies tant pour femmes que pour hommes, de différentes équipes de football et basket-ball.

Bild-Produkte (produits visuels) où l’on trouve DVDs, CDs, clé USB Bild, jeux d’ordinateur, briquet Bild, livres de cuisine ou encore une série de portrait des huit chanceliers par Konrad R. Müeller frôlant les 2000€.

Freizeit und Sport (loisir et sport), la catégorie où différentes marques sportives sont exposées (Adidas, Kappa, Nike, Puma…). On y trouve t-shirts, pantalons, blousons, sacs de sport, montres, bonnets ou  mallettes de poker.

Fashion-Shopping : bijoux, sacs, chaussures et vêtements à la mode.

TagesDeal qui propose des remises de prix sur différentes sorties, voyages, dîners…

– La catégorie Reise-Shop qui, telle une agence de voyage, organise des voyages à prix réduit.

Ce savant mélange de choix hétéroclites fonctionne. Le Bild Shop représente entre 5 et 10% du chiffre d’affaires du groupe Springer (éditeur du tabloïd Bild).

Un marché qui s’étend aux autres journaux

Bild n’est pas le seul média à se prendre à la fièvre vendeuse. Le Spiegel possède aussi son Spiegel Shop qui se distingue de son concurrent en ciblant la famille mais, plus particulièrement, un public plus jeune par la vente de consoles et de jeux vidéos, en plus des traditionnels CDs et DVDs.

Vendre des consoles pour viser un public plus jeune.

Même chose pour le groupe RTL.de, qui possède sa catégorie « Shopping », le Süddeutsche Zeitung Shop ou encore le Stern Shop.

Plus surprenant, la chaîne de télévision ProSieben tente d’attirer des téléspectateurs en mettant à disposition, sur son site internet, une plateforme de jeux vidéos : tous les moyens sont bons pour trouver de nouveaux lecteurs et téléspectateurs afin d’obtenir de nouveaux fonds.

Une mode qui va probablement traverser les frontières pour venir jusqu’en France, où cette méthode commerciale est déjà quelque peu implantée. On trouve déjà Le Monde Boutique ou La Boutique Libération qui, pour l’instant, ne propose que des DVDs ou CDs en lien avec l’actualité et les productions du journal…