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Le journalisme d’investigation remis au goût du jour

Les nouvelles pratiques journalistiques, c’est aussi l’actualisation de techniques traditionnelles. A Londres, le journalisme d’investigation est redécouvert depuis avril 2010 grâce au « Bureau of Investigative Journalism ».

Page d'accueil du "Bureau of Investigative Journalism"

Dans les esprits, le maître mot du journalisme d’investigation c’est l’enquête. Rien de neuf de ce côté là. L’innovation du « Bureau of Investigative Journalism » consiste à utiliser des outils nouveaux en plus des techniques d’investigation traditionnelles. «Le journalisme d’investigation, ce n’est plus uniquement l’enveloppe brune qu’un informateur vous tend au pub, explique son rédacteur en chef Ian Overton, ancien employé de la chaîne ITN et de la BBC. Aujourd’hui, nous opérons dans un monde qui fourmille d’informations mais où nous manquons de temps pour les traiter. Or, si l’on se donne la peine de les scruter, on peut faire émerger bien des révélations

Pour enquêter, le Bureau s’emploie au data journalism en récoltant diverses données sur la toile. Un exemple de son action via cette nouvelle technique journalistique : le Bureau a passé neuf mois à répertorier des données publiques par les autorités locales sur plusieurs supports et dans plusieurs langues afin de relever des tendances lourdes comme les subsides fournis aux fabricants de tabac.

Désintéressée de l’investigation, les médias traditionnels ne financent plus cette branche du journalisme, car l’investigation prend du temps, donc de l’argent. Mais le Bureau croit en l’avenir de l’enquête : « Les médias traditionnels ont commencé à réaliser que si on veut faire payer pour de l’information, il faut qu’elle soit exclusive, car tout le reste est disponible gratuitement sur Google. Depuis deux ans, The Economist, The Independent et le Financial Times ont tous créé des cellules d’enquête au sein de leurs rédactions.», confie Overton.

Au delà du web, le Bureau touche aussi à d’autres supports en réalisant des documentaires pour  la télévision et la radio, collabore avec des médias étrangers et reste très présent sur les réseaux sociaux (Facebook et Twitter). En plus de la data, il réutilise et approfondi  les travaux de Wikileaks. Tout un travail pour trouver l’information inédite que les autres n’ont pas.

Un tel système d’investigation se rapproche du modèle américain notamment de l’organisme sans but lucratif basé à New York : ProPublica. Plus qu’un simple bureau d’investigation, ProPublica se caractérise comme un organisme qui « produit un journalisme pour dénoncer l’exploitation des faibles par les forts et les échecs de ceux qui ont le pouvoir de revendiquer la confiance placée en eux. » Reste alors une question à se poser : le journalisme d’investigation comme nouvelle pratique journalistique deviendra-t’il un futur journalisme de dénonciation ? L’avenir du journalisme est-il dans le buzz et les coups d’éclat sur le net ?

Source : LeTemps.ch